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mardi 28 juillet 2020
Un Amour de Kessel de Dominique Missika
Un grand merci au Forum Babelio et à son opération Masse Critique pour le partenariat et la découverte de la biographie d'un auteur dont je n'ai lu que "Le Lion" avec intérêt.
Quatrième de couverture :
Grand reporter, romancier adulé, Joseph Kessel, Jef pour ses amis, collectionnait les aventures, comme s’il était incapable de rompre avec les femmes aimées. Germaine Sablon fut l’une d’elles et, peut-être, celle qui l’a le plus inspiré. Sœur du crooner Jean Sablon, Germaine est déjà une vedette du music-hall quand elle croise l’écrivain dans un cabaret de Pigalle en 1935. Le coup de foudre est immédiat. Leur relation, qui durera presque dix ans, débute dans le Paris de l’entre-deux guerres, sur fond de jazz, de vodka et d’opium. À l’épreuve de la guerre, l’idylle prend un nouveau tour. Refusant la débâcle, la jeune femme s’engage la première dans la Résistance, avant d’y introduire Kessel. En zone libre, le couple aide réfugiés et combattants de l’« armée des ombres », jusqu’à être à son tour contraint de fuir la France occupée. Tous deux, dans un périple éprouvant, rejoignent le Portugal, puis Londres et le général de Gaulle.
Mêlant passion amoureuse et grande Histoire, Dominique Missika, avec le talent qu’on lui connaît, fait revivre ces amants magnifiques dont la complicité a donné naissance au Chant des partisans, l’hymne de la Résistance française écrit par Kessel et son neveu Maurice Druon en 1943. Germaine Sablon, dont Cocteau disait « c’est un cœur qui chante », fut la première à l’enregistrer.
Avis et commentaires :
Joseph Kessel m'avait toujours paru être un auteur à suivre même si je ne l'ai pas beaucoup lu.
Ce livre m'a définitivement donné l'envie de creuser son oeuvre. Un livre biographique de grande qualité, extrêmement documenté et trépident par son rythme. Le terme de biographie n'est pas le terme adéquat d'ailleurs, c'est surtout et avant tout la chronique d'une passion amoureuse entre deux personnages hors -norme entre 1935 et la fin de la seconde guerre mondiale. Un auteur reconnu, héros de guerre aux multiples passions amoureuses et une vedette de music hall aux tempéraments l'un et l'autre solidement trempés. Epoque passionnante et dramatique au milieu d'un monde interlope et aux noms reconnus.... Druon, Jean Sablon, Maurice Chevalier, Joséphine Baker, De Lattre de Tassigny, De Gaulle.... et tout cela nous est délivré sans excés et en parfaite neutralité.
Entre engagements militants avec une volonté commune des deux amants de cette histoire de s'engager contre la politique de collaboration de Vichy, romans d'espionnage mais roman aussi des passions amoureuses de Kessel, passions de la littérature, on découvre avec grand plaisir cette fresque et ces personnages héroîques réels.
A découvrir absolument.
Le Chien de Schrödinger de Martin Dumont
Nouvelle lecture dans le cadre des 68 Premières Fois Session Janvier 2020, un moment de grande émotion.
Quatrième de couverture :
Le monde de Jean, c’est Pierre, le fils qu’il a élevé seul. Depuis presque vingt ans, il maraude chaque nuit à bord de son taxi, pour ne pas perdre une miette de son fils. Il lui a aussi transmis son goût pour la plongée, ces moments magiques où ensemble ils descendent se fondre dans les nuances du monde, où la pression disparaît et le cœur s’efface. Mais depuis quelque temps, Pierre est fatigué. Trop fatigué. Il a beau passer son temps à le regarder, Jean n’a pas vu les signes avant-coureurs de la maladie. Alors de l’imagination, il va lui en falloir pour être à la hauteur, et inventer la vie que son fils n’aura pas le temps de vivre. Quand la vérité s’embrouille, il faut parfois choisir sa réalité. Un premier roman pudique et poignant, le roman de l’amour fou d’un père pour son fils.
Avis et commentaires :
Un genre souvent repris et l'originalité de celui-ci tient dans le récit d'un père tout en pudeur, sans pathos excessif mais un moment d'émotion très fort. Un cancer fulgurant pour le fils de Jean, chauffeur de taxi au quotidien, déjà endeuillé par la disparition violente de sa compagne pour laquelle il cultive par ailleurs un profond sentiment de culpabilité et dont sa belle-famille semble lui en faire aussi reproche. Il lui reste peu de temps pour offrir à Pierre un ultime cadeau ; la publication de son manuscrit à tout prix .....mentir, inventer peu importe.
Dans ce court roman, c'est aussi la relation intime de ces deux êtres à travers la passion de la mer et le soutien moral qu'ils s'offrent respectivement dans cette vie sans mère. De très beaux moments que l'auteur nous fait partager mais aussi ses doutes, le paradoxe de vouloir offrir la seule chose qui maintient Pierre un peu plus longtemps, l'invention d'un mensonge mais aussi la culpabilité de le tromper... et puis que faire après...
Une belle écriture et une fluidité dans le récit, une très agréable lecture toute en sensibilité et en beauté.